Nicolas Schmit au sujet du marché de travail et des plans sociaux

Journal: Depuis le début de la crise, 2.452 emplois ont disparu des suites d'un plan social sur la place financière. Cela vous inquiète-t-il?

Nicolas Schmit: Chaque plan social est inquiétant puisque c'est une diminution de l'emploi. Il est clair que cette multiplication des plans sociaux traduit des ajustements parce que l'environnement fiscal et bancaire est en train de changer. Nous sortons d'une crise financière majeure et il est donc tout à fait normal qu'elle ait des répercussions sur le secteur financier au Luxembourg. Finalement, ces répercussions n'ont pas été aussi terribles qu'on aurait pu le craindre mais plus de 2.000 emplois, c'est un impact qui nous oblige à réfléchir sur la réorientation du secteur financier au Luxembourg.

Journal: Qu'avez-vous en tète?

Nicolas Schmit: Je pense qu'il y a plusieurs changements. Quand je lis les plans sociaux, je vois qu'il y a une mutation des activités des banques vers les services très performants, vers la valeur ajoutée et vers l'innovation financière. Et cela aune répercussion sur l'emploi. Il faut aider les gens qui perdent leur emploi à se réorienter dans le secteur financier ou dans d'autres activités. C'est ce qu'on essaie de faire dans un projet de formation mené avec l'IFBL et l'ABBL.

Journal: Les primes des personnes en plan social sont défiscalisées. N'est-ce pas une fleur aux firmes qui licencient?

Nicolas Schmit: C'est d'abord une fleur aux personnes: on leur permet de se constituer un petit pécule car elles ne savent pas quand elles retrouveront un emploi. Ce que le patron paie, c'est sur de l'argent que touche le salarié. Si le patron devait payer des charges, c'est la personne qui toucherait moins. Au final, c'est quand même la personne licenciée qui est gagnante.

Journal: Parmi les arguments invoqués par les banques, on retrouve la levée du secret bancaire. A tort ou à raison?

Nicolas Schmit: Je ne pense pas que ça soit la seule raison, je ne pense pas non plus que ça soit du bluff. Je crois qu'il faut y réfléchir sérieusement car il y a quand même un changement assez fondamental d'un des piliers sur lequel a fonctionné pendant un temps une partie de la place financière. Il est nécessaire, aussi de la part du Ministère des finances, de regarder l'impact de cela. Je crois que mon successeur, qui que ce soit, avec le ministère des Finances, l'ABBL et les syndicats doivent aussi faire une évaluation des plans sociaux et du cadre légal dans lequel ces licenciements sont opérés. Je crois qu'il y a un peu une dérive.

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