"Un charisme fou", Nicolas Schmit au sujet de la personnalité de Stéphane Hessel

Le Jeudi: Comment expliquez-vous ce succès du petit livre "Indignez-vous"?

Nicolas Schmit: C'est lié à la personnalité de Stéphane Hessel. Tout le monde n'aurait pas réussi à créer cette dynamique. C'est aussi son histoire personnelle, sa franchise, l'engagement dont il a fait preuve toute sa vie qui font de lui une personnalité crédible. Ce qu'il dit, ce qu'il écrit est crédible. C'est un homme très modeste mais qui a un charisme fou, le don de convaincre, de manière douce. On sent que ce qu'il dit, il le croit.

Le Jeudi: Ce succès n'est-il pas aussi lié à l'air du temps?

Nicolas Schmit: Si, bien sûr. Ce succès est là aussi parce qu'il y a une attente, notamment parmi les jeunes, d'un message que souvent les politiques et les organisations politiques ne fournissent pas. Nous vivons une époque terrible par sa brutalité économique, sociale, par son injustice. C'est lié au contexte de cette crise, avec la Bourse en hausse et en baisse, les banques en difficulté, la notation des banques, des pays, des nations. Mais qui note si les peuples sont traités de façon juste, si les jeunes ont un avenir ou pas? Personne ne dit rien, surtout les politiques et j'en suis peut être. On ne peut pourtant pas avoir une période sans perspectives. Malheureusement, les politiques et la gauche n'offrent pas ces perspectives.

"PIRE QU'AVANT"

Les choses sont gérées de la même manière et d'aucuns sont prêts à faire plonger les Etats. Nous commentons cela mais donnons l'impression que nous sommes totalement impuissants par rapport à ces situations. Le mérite de Stéphane Hessel, c'est de dire que cela ne peut pas être le fin mot de l'affaire: vous, jeunes, indignez-vous, exprimez votre insatisfaction, car il y a une voie pour s'engager. Engagez-vous, car après l'indignation il y a l'engagement.

Le Jeudi: Stéphane Hessel dénonce le manque de courage des dirigeants pour affaiblir le lobby économico-financier. En tant que ministre, vous sentezvous concerné?

Nicolas Schmit: Je me sens concerné. Faisons le bilan, regardons ce qu'on a fait après la crise financière. Le monde politique, je ne parle pas particulièrement du Luxembourg mais je ne peux pas ignorer notre pays, a-t-il réussi à dompter ceux qui ont plongé le monde dans une des pires crises économiques depuis 1929? Non, nous n'avons pas réussi, la situation est peut-être pire qu'avant, nous sommes livrés aux marchés et aux variations hiératiques de ceux-ci.

Le Jeudi: Stéphane Hessel s'engage très fortement pour la cause palestinienne. Partagezvous cet engagement?

Nicolas Schmit: Je souscris à 99% à ce que Stéphane Hessel dit et écrit de façon raisonnée mais aussi très émotionnelle sur la situation des Palestiniens. Hessel est un diplomate d'origine juive qui perçoit ce malheur terrible d'un peuple qu'est le peuple palestinien depuis plus de soixante ans. Avec Mahmoud Abbas, l'idée que les Palestiniens doivent prendre les affaires en main et proclamer leur Etat est en marche. Ce que je soutiens absolument en tant que personne. C'est la seule voie pour une solution. Ce qui est regrettable, c'est que beaucoup de gens ne comprennent pas cela. Chaque minute qui passe est une minute perdue pour une paix durable, le temps joue contre la paix.

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