"Je suis favorable à une réduction du temps de travail"

Paperjam: La Belgique a récemment adopté la semaine de travail de quatre jours. Cela peut-il donner des idées au Luxembourg?

Georges Engel: L'accord en Belgique est multifacette. Il englobe le droit à la déconnexion, le droit à la formation, la législation en matière de droit du travail dans le cadre des plateformes digitales et la possibilité de réaliser sa semaine de travail sur quatre jours afin de profiter d'un jour libre supplémentaire. Il faut également préciser que cet accord a été passé par le gouvernement, mais sans passer par le dialogue social, donc sans les syndicats ni le patronat.

Paperjam: Pourtant, cela montre qu'il est possible de faire bouger les lignes sur le sujet de la réduction du temps de travail...

Georges Engel: Le gouvernement luxembourgeois actuel a déjà procédé à une réduction du temps de travail en introduisant un jour férié supplémentaire et un jour de congé supplémentaire. De plus, l'accord en Belgique ne parle pas d'une réduction du temps de travail, mais d'une organisation du temps de travail différente. Là encore, au Luxembourg, il existe de nombreux formats pour rendre sa semaine de travail plus flexible avec le compte épargne-temps, le plan d'organisation du travail, les horaires aménagés, ou encore le télétravail. J'indique encore que l'accord de coalition de notre gouvernement souligne que nous sommes prêts à discuter d'autres formes de travail, mais dans le cadre d'un dialogue social. C'est d'ailleurs mon approche. Si, à l'avenir, nous devons discuter d'une réduction du temps de travail, je reste ouvert à la discussion dans le cadre d'un dialogue avec les syndicats et le patronat.

Paperjam: En tant que ministre du Travail, êtes-vous globalement en faveur d'une réduction du temps de travail au Luxembourg?

Georges Engel: Travailler 10h par jour est normal pour beaucoup de travailleurs, mais je ne pense pas que cela doive être un but à atteindre. Je suis favorable à une réduction du temps de travail, que l'on pourrait même répartir sur cinq jours. En Belgique, on parle d'une flexibilisation des horaires. Je préférerais parler d'une réduction concrète du temps de travail.

Paperjam: Vous accordez beaucoup d'importance au dialogue social. Avez-vous déjà abordé la question de la réduction du temps de travail avec les syndicats et le patronat?

Georges Engel: J'ai récemment rencontré le LCGB, et je vais prochainement rencontrer le patronat. Je ne vais pas cacher que l'accord en Belgique a été un sujet de discussion. La réduction des heures de travail est toujours un sujet avec les syndicats, et je verrai ce qu'il en est avec I'UEL à l'occasion d'une prochaine réunion. Personnellement, je pense que l'on peut s'accorder sur une situation gagnant-gagnant, à condition que patrons et salariés y trouvent un bénéfice.