Interview avec Georges Engel sur paperjam.lu

"L'après-crise sera également très compliqué à gérer"

Interview: Paperjam (Julien Carette)

Paperjam: Lors de la cérémonie de passation de pouvoir entre Dan Kersch (LSAP) et vous, vous avez tenu à souligner que "les initiatives prises par le gouvernement dans le domaine du travail et de l'emploi avaient permis de sauver des milliers d'emplois". Considérez-vous que le gros de la crise est désormais derrière nous?

Georges Engel: Le chômage partiel nous a bien aidés, en effet. Mais on est toujours aujourd'hui clairement dans cette crise. Et il faut garder en tête que l'après-crise sera également très compliqué à gérer. Parce que les entreprises que nous aurons aidé à sauver durant celle-ci ne seront pas pour autant sorties de l'auberge. Il faudra rester vigilant au niveau du taux de chômage, mais aussi des compétences dont auront besoin les demandeurs d'emploi et les entreprises. Et des formations qu'il faudra donc pouvoir proposer.

Paperjam: Quels sont vos chantiers prioritaires pour les presque deux ans que vous allez passer à la tête du ministère du Travail, de l'Emploi et de l'Économie sociale et solidaire?

Georges Engel: Plusieurs projets de loi ont été déposés par mon prédécesseur et devront être accompagnés. Celui sur le droit à la déconnexion, mais aussi celui sur le mobbing, c'est-à-dire le harcèlement moral. Mais il reste d'autres projets à venir. Le congé de paternité pour les indépendants, par exemple. Celui pour les personnes de même sexe également. Des lois qui seraient la suite logique de ce que nous avons déjà mis en place en la matière. Ce sont des gens qui ont aussi des enfants et ont droit au même traitement... Il faudra voir aussi comment organiser, dans l'avenir, la formation continue. Et puis, il y a aussi le dossier concernant les travailleurs des plateformes, l'économie digitale. Comme vous pouvez le voir, je ne vais pas chômer.

Paperjam: Quel est votre point de vue sur ce dernier dossier, les travailleurs des plateformes numériques?

Georges Engel: Des discussions existent et sont d'ailleurs toujours en cours. On parlait même de la création d'un troisième statut, à côté des salariés et des indépendants. Celui-ci se situerait entre ces deux derniers. Personnellement, je n'y suis pas trop favorable. Ce troisième statut risquerait de voir émerger pas mal de problèmes, tout en ayant une couverture sociale moindre...

Paperjam: Vous évoquiez également la formation professionnelle continue. N'est-ce pas le plus grand challenge dans le domaine du travail pour les années à venir au Luxembourg?

Georges Engel: C'est le plus grand challenge pour tout le monde, pas juste pour nous. On a encore vu dans l'étude présentée ce jeudi par l'Adem que l'une des compétences les plus demandées sur le marché de l'emploi est l'adaptation à de nouvelles situations, aux changements. Avant, on passait un diplôme à 20 ans et on travaillait les 4-5 années suivantes au même endroit sans avoir besoin de formations supplémentaires. Ce temps est révolu. Cela se voit clairement quand on jette un œil à tout ce qui touche à la technologie, à l'informatique. Tous les six mois, un nouveau changement majeur apparaît. Le Luxembourg est un pays où le nombre de places à pourvoira toujours été élevé. Si je me réfère aux derniers chiffres de ce jeudi, il y en avait au 31 décembre plus de 10.000. Pour 16.4-03 demandeurs d'emploi. On pourrait penser que faire coïncider ces deux populations devrait être assez simple. Or, ce n'est pas le cas. D'où la nécessité de créer des formations pour les demandeurs, de mettre en place des formations continues. Et d'avoir une étude comme celle réalisée par l'Adem ces derniers mois pour nous aider, nous guider.

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