"L'Eldorado n'existe que dans les rêves". Le ministre du Travail, Nicolas Schmit au sujet de l'école de la deuxième chance

Le Quotidien: Quel regard portez-vous en tant que ministre du Travail sur le bassin de formation du Nord Lorraine?

Nicolas Schmit: En tant que voisin, nous devons connaître ce qui se passe dans chacun des pays de la Grande Région. Pour copier les bonnes choses ou modifier d'autres initiatives. Cette école de la deuxième chance est un projet qui me semble intéressant. Voilà déjà d'ailleurs plusieurs mois qu'avec la ministre luxembourgeoise de l'Éducation nous souhaitons en implanter une au Grand-Duché. Pour l'heure, le dossier souffre d'un retard "administratif." Mais quand je pense qu'au Luxembourg, chaque année, 1 000 jeunes abandonnent leur scolarité sans avoir de diplôme, je me dis que chaque mois qui passe sans cette école est une occasion ratée de "sauver" ces jeunes gens.

Le Quotidien: Les jeunes Français voient une sorte d'Eldorado de l'emploi quand ils se tournent vers le Luxembourg. Qu'avez-vous à leur dire?

Nicolas Schmit: L'Eldorado n'existe que dans les rêves. Certes, il reste encore des possibilités d'embauché au Grand-Duché, mais plus autant qu'il y a quelques mois. Il faut s'ôter de l'esprit qu'au Luxembourg, tout est possible et que tout est facile. Un emploi, un salaire, ça se mérite de plus en plus durement. Et ce qui est vrai pour les Français l'est tout autant pour nos jeunes. Actuellement, le taux de chômage chez les moins de 26 ans tourne autour des 16 %. Certes cela baisse, mais je frémis de constater que 45 % de ces sans-emplois n'ont qu'une "formation" achevée en classes primaires... Une école de la deuxième chance est donc bien une vraie urgence pour le Luxembourg aussi.

Le Quotidien: Dans quels domaines économiques le Luxembourg offre-t-il encore des débouchés?

Nicolas Schmit: Je pense au commerce d'abord. Nombre de boutiques ne trouve pas de vendeurs ou de vendeuses. Pénurie aussi dans l'artisanat. Mais quel que soit le secteur d'activité qui recrute, je ne peux qu encourager les Français à apprendre notre langue. Aujourd'hui, sur la Grande Région, ne pas connaître le luxembourgeois revient à se priver d'une embauche dans de nombreux cas. En plus pour les frontaliers, disposer d'un bagage minimum en luxembourgeois me semble le meilleur moyen de s'intégrer à leurs collègues natifs du pays, mais aussi à entretenir de bonnes relations avec ceux qu'ils servent au quotidien. Parler luxembourgeois me paraît ainsi un atout indispensable pour les domaines du commerce, des services d'aide à la personne (enfants ou personnes âgées) mais aussi dans le secteur hospitalier.

Le Quotidien: Enfin, question subsidiaire, avez-vous un «truc» à donner aux frontaliers pour éviter de se retrouver englués dans les bouchons au tunnel de Howald?

Nicolas Schmit: Oui : prendre le train!

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